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Prochaine séance de l’atelier “Devenirs de l’habitat individuel” du RÉseau HAbitAt Logement (REHAL)

“Les productions pavillonnaires. Dialogue France-Belgique : éclairages et pistes”

 28 mars 2025, 9h30-17h

CAUE d’Occitanie-Haute Garonne, 24 rue Croix Baragnon 31 000 TOULOUSE

En présentiel (salle Ozenne) et en visio : https://univ-tlse2.zoom.us/j/98723283864

9h30Introduction. Replacer la question de l’habitat individuel au-delà des trajectoires du périurbain Claire Aragau, Séverine Bonnin-Oliveira, Laurent Cailly, Lionel Rougé (coordinateurs de l’atelier)

9h45. Facteurs historiques de la “ville diffuse” belge et opportunités pour les transitions futures.

Bénédicte Grosjean- Professeure à l’École Nationale d’Architecture de Lille et intervenante à l’UC- Louvain, faculté d’architecture LOCI-Tournai

L’intervention présente comment une urbanisation intermédiaire, ni ville ni campagne, s’est développée à partir d’habitats individuels, bien avant la diffusion de la voiture (1885-1930). Plus proche du concept de “ville diffuse” italienne que du périurbain à la française, cette étude de cas montre que, même en l’absence de planification spatiale publique, des logiques individuelles sont capables de converger vers des formes collectives d’urbanité. Elle ouvre également des pistes de réflexion sur les alternatives à la métropolisation, à partir de caractéristiques de maillage et de polycentralité, d’équité territoriale et de subsidiarité locale.

11h10. Suburbrabant. Re:banlieue radieuse

Guillaume Vanneste- Ir. Architecte – enseignant et chercheur UCL-LOCI, Faculté d’Architecture, d’Ingénierie architecturale, d’Urbanisme

Cette exploration s’intéresse aux transformations du tissu suburbain dans le Brabant wallon, inspiré de la “banlieue radieuse” décrite par Marcel Smets. Ces vastes zones, composées de “villas quatre façades”, ont émergé après la Seconde Guerre mondiale, remplaçant les anciens tracés et centres historiques. Actuellement, ce modèle urbain semble confronté à des défis contemporains, incitant à se demander si les zones périphériques peuvent évoluer vers un modèle de ville en transition. Cette recherche, menée par Guillaume Vanneste (UCLouvain) et le bureau d’architecture et d’urbanisme vvv, examine la possibilité de transformation en se penchant sur des aspects tels que la mobilité, la consommation d’énergie, la vie communautaire, la densification et l’hybridation urbaine. Elle s’appuie sur les mutations actuelles de cette “suburbia” pour mettre en perspective son évolution potentielle.

12h-12h30. Annabelle Morel-Brochet et Kévin Chesnel. Mise en perspective et pistes à l’issue de la matinée

Pause déjeuner

14h. Pavillonnaire.zone, cartographier l’idée d’une culture pavillonnaire. 

Samy Brillaud, Architecte DE-HMONP

Un imaginaire en constellation, comme autant d’histoires vécues. Des pixels éparpillés, bordés de campagnes, autour des centres-villes. Nous sommes beaucoup à avoir grandi ou habité dans le pavillonnaire, pourtant, l’idée d’une culture de l’intérieur reste encore discrète et fragile. Que cachent ces maisons que l’on croit toutes identiques ? Qu’en pensent leurs habitants, et quels univers y ont-ils développés ? La carte en ligne est un espace contributif dont le but est de faire émerger les éléments d’une culture pavillonnaire, en même temps qu’il permet de les situer.

14h45. Présentation de l’exposition Réenchanter le pavillon en ville (1950-1970) avec le CAUE

Conclusion du séminaire et visite de l’exposition en présentiel

Soutenance de thèse d’Arthur Pétin

Arthur Pétin, invité dans le cadre d’une Journée d’Etude du GR Les écritures du périurbain, soutiendra sa thèse de doctorat en littérature française, intitulée  “Écrire les espaces périurbains : une géographie contemporaine dans la littérature française“, et réalisée à l’Université Grenoble Alpes, sous la direction de Laurent Demanze.

La soutenance aura lieu le lundi 2 décembre à 14h en salle Jacques Cartier, à la Maison des Langues et des Cultures de l’Université Grenoble Alpes, 1141 rue des Universités, 38400 Saint-Martin-d’Hères.

Le jury sera composé de :

Mme Corinne GRENOUILLET, Professeure des universités, Université de Strasbourg, Rapporteure.

M. Dominique VIART, Professeur des universités émérite, Université Paris Nanterre, Rapporteur.

Mme Catherine DOUZOU, Professeure des universités, Université de Tours, Examinatrice.

Mme Isabelle KRZYWKOWSKI, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes, Examinatrice.

M. Laurent DEMANZE, Professeur des universités, Université Grenoble Alpes, Directeur de thèse.

Learning from Sainte-Pazanne ?

Laurent Devisme, octobre 2024

Jeudi 3 Octobre, il ne reste plus que 3 explorateurs à se retrouver à l’ensa Nantes pour partir vers le Sud. Transect cycliste, il fait beau, c’est une chance. Traversée du mega-chantier du CHU. Nouvelles voies, nouvelles perspectives, nouveau skyline, quel chamboulement ! Nous franchissons ensuite le pont de chemin de fer en tombant sur la gare de Rezé Pont-Rousseau. Café-Madeleines à la boulangerie d’Honoré et devant les bancs, je restitue cette « ancienne » recherche avant que l’on poursuive avec Lucie et Lucile.

C’est cette sortie de ville qui est finalement la plus délicate, on se perd facilement, repère du chronographe toutefois puis on longe le Leclerc, le KFC. Piste cyclable peu empruntée, c’est très routier. Lucile repère un ancien squat, nous commentons la variété des formes architecturales et urbaines : faubourgs, lotissements. Un peu plus loin, le fort trafic de camion notamment généré par la carrière de Bouguenais. On s’approche de Cheviré et donc on prend un peu la tangente avec une piste matérialisée (Lucie nous parle des anecdotes de salariés de l’IRT Jules Verne souhaitant s’y rendre en vélo et des scrupules de leur direction au vu de la dangerosité de la chose).

A Bouguenais, des affiches indiquant une nouvelle salle de fitness, l’orange bleue : quels emplacements ? Quelles sociabilités ? Plus loin l’ex-Ifsttar toujours perdu, désormais campus de Nantes de l’Université Gustave Eiffel à côté d’un champ de vaches nantaises et du centre départemental d’examen du permis de conduire. « Allée des ponts et chaussées ». Nous sommes ensuite sur une ancienne route de la mer assurément : des aires de bord de route désormais presque désaffectées, supports d’affiches en tous genres. De nombreuses vignes sont arrachées, tas de ceps en bord de champ. Pourtant les annonces vers des viticulteurs ne semblent pas se tarir comme les annonces pour des lieux de vente directe. Toponymie nouvelle : le bel endroit, la forêt, le fief.

Au Super U de Bouaye, un food truck avec des spécialités thaïlandaises, de nombreuses machines à laver en libre-service à l’entrée de la grande surface puis un jour de marché de plein air. Qu’est-ce qui le distingue ? Part des circuits courts ? Des revendeurs ? On trouve en tous cas une « réparation de montres et pendules » et un « déstockage de fauteuils de relaxation électriques » sans oublier un vendeur de matelas. Mais qui peut bien acheter ça sur un marché ? Gare de Bouaye avec un parking dédié très rempli et plutôt bien traité (il n’est qu’à quelques encâblures du Super U tout compte fait). En proximité immédiate, un petit verger mais aussi des gendarmes qui montent dans un bus de la TAN avec un homme avec valise (il part en prison ??).

Puis la maison du lac de Grandlieu, elle était en construction il y a 12 ans. C’est soigné. Un bus alleop stationne, des scolaires doivent s’initier à la connaissance des écosystèmes du lac de grandlieu. Plus loin sur la route, l’annonce curieuse d’un parc de jeux éphémère ( ?) puis le lieu-dit le surchaud avant le coin aux rats. Je pense à Laetitia ou la fin des hommes de Jablonka, nous ne sommes plus si loin d’Arthon-en-Retz il est vrai. Les marais (l’achenau avec un bon niveau) puis le bourg de Saint-Mars de Coutais. Il y a tous les attributs en entrée de bourg : le distributeur automatique de pizzas (Paz Pizza), des pistes cyclables financées par l’Europe, le comité des fêtes dans une ancienne jardinerie reconvertie, le petit local, épicerie en circuit court, occasion de discuter avec un jeune retraité qui garde ses écouteurs mais nous parle de ses virées en vélo (le VTT électrique quand même), des 96 villages de Saint-Père en Retz, il y a quand même tout ici, une pharmacie en face et « la sainte marine » à côté de la mairie, pas du meilleur effet… « Je n’aime pas la viande sous vide » nous dit-il. On s’interrogera au retour sur la signification de la chose : viande en barquette des grandes surfaces ou viande bio sous vide ? En tous cas, à Intermarché, il y a un vrai boucher et cela lui va !

Google street view, l’attente de la pizza !

A Port Saint-Père Saint Mars, c’est désormais un abri à vélo de Aleop au bord du quai. Pas de bâtiment mais une seule halte. Nous nous apprêtons à gagner Ste-Pazanne, concours de belote annoncé et passage du Mickeys’ circus en fin de semaine. Nous avons longé le zoo, le safari-parc qui fut pendant 2 ans dans les années 1990 nommé le bamboula parc, hum… Elisabeth y revient dans son livre.

Nous arrivons un peu après 13h à Ste Pazanne. Le Terrena en plein centre : vente de volailles vivantes et de mélange de céréales pour la basse-cour et quartier de la gare toujours en chatnier. Des camions d’artisans partout et le resto de la gare qui est blindé. Il y fait chaud, ça parle fort et les plats circulent à grande vitesse. Buffet d’entrées, blanquette de veau et légumes de saison, desserts au choix derrière la vitrine.

Des dépôts de colis Amazon à la gare, Mondial Relay au super U de Ste-P. Et la gare des plus discrètes quant à l’annonce des trains. Il faut dire que cela s’annonce mal, le train de 14h18 est supprimé et celui de 15h10 retardé d’une demie-heure (en attendant les voyageurs en provenance de Pornic). Ste-Pazanne lieu d’intermodalité. En gare, seulement un QR code pour connaître ces informations. Il y a deux agents à l’accueil qui ne semblent absolument pas concernés par la présence d’usagers. Personne n’est informé ! J’ai donc le temps de zoner un peu dans Ste-Pazanne, les petits calvaires, le modeste Super U avec son lavomatique en façade, sa station service et trois accroches-vélo. « Silence flammes » de Challans fait de la publicité pour des poeles à bois et à granulés. Une boîte à livres dans un lotissement des plus modestes avec de nombreux romans à l’eau de rose : « play boy et médecin », « sous les ordres du chirurgien » (toujours beaucoup de fantasmes autour de ces métiers !), « sous le charme du dr Sinclair », « l’amant d’une île » (sûrement pas l’île de Nantes !), « la fiancée du chirurgien » (décidément !). Des quarts ports dans les jardins, un super loto prochainement à la salle escale de retz. Puis, en ville, le PMU et toutes les annonces presse sur le trottoir : « l’inquiétant profil du pédophile » et « fin de road trip pour l’homme à la vache » au programme !

Retour sur le quai donc. Une femme joue gros dans ce retard. Elle vient de Paris mais a connu une panne à Challans, a pris le train puis peste sur ce retard avec un entretien d’embauche à Carquefou qui est en train de prendre l’eau. Elle appelle le patron pour le prévenir, lui met en cause sa mobilité « Quand on va voir les clients, ça se passe pas comme ça ». Elle lui réplique qu’elle est mobile puisqu’elle est dans le train !

« Nous on est pénalisés du coup (…) je suis degu (…) » A son copain au téléphone « c’est pas grave, c’est la vie… j’ai 10 ans de boîte mais je suis bloquée dans le train. J’aurais dû mentir et dire j’ai un quart d’heure de retard à cause des bouchons à Nantes » « je suis fatiguée là, ça me prend la tête, y a des trains toutes les heures normalement ». Elle est cadre co dans le domaine de la dératisation – désinsectisation. « Le poste je le veux ».

Micheline qui accélère et retour bien rapide (une fois le train lancé !) à la gare de Pont Rousseau ! Plus loin en ville au retour, un bus aléop, le 350 qui ramasse des scolaires et les ramène vers Saint-Etienne de Montluc et Savenay, la Loire en rive Nord !!

Explorer les espaces péri-métropolitains en vélo : notes de terrain

Lucie Renou, octobre 2024

Départ de l’ENSA à vélo

Nous nous retrouvons à l’ENSA à 9h30, en vélo, à trois : Lucile, Laurent et moi. Direction Rezé Pont Rousseau. Première étape pour un café. Nous empruntons les chemins de traverse du chantier du CHU (déviation et routes barrées en tous sens). Premières photos entre les grues du chantier. Nous arrivons à la gare de Pont Rousseau.

 

La gare de Pont Rousseau : Première étape.

Nous profitons des nouveaux aménagements publics pour nous poser sur un banc au soleil avec un café. Laurent nous fait part de son expérience sur le même itinéraire, il y a une dizaine d’années.

Dans le cadre d’un travail pour le PUCA en 2012, « Du périurbain à l’urbain », le périurbain : ville invisible ? Plusieurs expérimentations avaient été conduites pour documenter le périurbain dans sa variété :

– Études visuelles & photographies (E. Pinard),

– Observation ethnographique du TER Nantes Pornic (la passagère du TER, E. Pasquier),

– Expérience de « pédalage à la première personne » (Laurent), itinéraire vélo entre Nantes et Pornic, au plus proche de la voie ferrée, avec 5 cartes IGN et des épreuves de franchissement régulières pour suivre le chemin de fer. Nous nous apprêtons à suivre peu ou prou le même itinéraire, mais cette fois, avec un GPS, autre rapport au territoire et à l’itinérance.

Nous partons en longeant la voie ferrée vers le Chronographe. Nous devinons les bords de Loire à quelques centaines de mètres et apercevons des bateaux. Nous traversons les quartiers résidentiels où se côtoient vieilles maisons (ex maraichers ?) et petits collectifs plus récents. Cité Radieuse en ligne de mire.

Nous arrivons à la mairie de Rezé. Le trafic se fait plus dense et les travaux reprennent. Derrière le pont : Atout Sud. 

A quelques minutes en vélo, trois environnements très différents :

– Les ruelles résidentielles, calmes, à mi-chemin entre vie urbaine et esprit village. Densités assez basses. Ciel bleu.

– La centralité de l’Hôtel de ville avec ses quelques commerces et équipements, ruptures, trafic plus important.

– Atout Sud, la grande zone commerciale, avec son enchaînement de ronds-points et son trafic automobile ++.

 

Sortir de Rezé en longeant la 4 voies

Nous empruntons une piste cyclable entre le Leclerc et la 4 voies. Le rapport à l’espace change. Ouverture des perspectives. Pression du bruit de la 4 voie dense en trafic (jeudi 11h). Nous nous sentons plus petits. Moins à notre place en tant que cycliste.

Mais la piste existe. Sorte de chemin de traverse boueux et peu entretenu. Direction le MacDo. Semi-remorques Leclerc au rond-point. Panneaux KFC à droite. Le monde des enseignes.

Nous traversons à nouveau un quartier résidentiel, pavillonnaire cette fois, Bouguenais. Petites maisons basses, esprit bord de mer. Un papi balaye le trottoir en chausson. Une dame parle avec une voisine en robe de chambre.

 

M751 A direction Bouaye

Nous prenons les bords de la M751A, direction Bouaye. Traversée de la 4 voies par le pont jaune vers la carrière (Lafarge) et son ballet de camions bennes, vers les zones d’activité de l’entrée de ville. Nous sortons de la ville.

 

Premières vaches rencontrées au niveau du site de l’université Gustave Eiffel, ex IFFSTAR. Aménagements récents.

Des arrêts de bus réguliers nous indique des lieux-dits, « au bel endroit » par exemple. Changement de paysage. Des champs s’ouvrent de chaque côté. Vers le sud, un paysage assez vallonné. Côté nord, des vignes bordent la route. Des lieux de vente directe ponctuellement.

 

 

Bouaye

Arrivée à Bouaye par le Super U, parking bien chargé du jeudi matin, casiers Mondial Relay à côté du Drive, et foodtruck « traiteur thaïlandais ».

On traverse quelques quartiers pavillonnaires très calmes, dont une maison avec un gazon si impeccable qu’on ne sait pas s’il est en herbe ou en plastique. Trempolines dans les jardins.

Nous arrivons à la gare où le parking impressionne par la quantité de voitures stationnées. Sur les deux parkings de la gare d’ailleurs.

Nous repartons par le centre-ville de Bouaye où nous traversons le marché. Une quinzaine de stands – dont un vendeur de matelas. Toujours jeudi 11h30. Beaucoup de retraités.

 

En route pour Port Saint Père

Nous quittons Bouaye, direction Sainte Pazanne, en passant par Port Saint Père.

Finis les pistes cyclables, nous sommes sur la chaussée. Le paysage de bocage s’intensifie. Des bois, des haies bordent la route. Nous entendons les oiseaux.

Nous arrivons à la maison du Lac de Grandlieu. Une vingtaine de voitures sur le parking, un car scolaire. On se dit qu’il serait intéressant d’échanger avec eux sur l’évolution du territoire et de l’écosystème du Lac.

Affiche pour un événement inconnu, le « saut’happy », parc de jeux éphémères, du 26 au 27 octobre.

La route est bordée de petites zones artisanales.

Une menuiserie. Des panneaux publicitaires pour faire la promotion des artisans locaux « la fée des fleurs », « au fil des idées ».

Un calvaire. Un comité des fêtes.

Un garage. Le premier distributeur de pizza de notre périple « Paz’pizza » (sur le parking du garagiste).

« Le petit local », épicerie vrac et bio, relais poste.

Et nous arrivons dans le bourg de Port Saint Père. Une église. Quelques maisons en pierre. Un calvaire. Nous sortons du bourg pour rejoindre la gare qui se résume à nouveau à un grand parking bien chargé. Pas de distributeur de billets cette fois-ci.

 

Arrivée à Sainte-Pazanne

Quelques passages à niveaux. Nous sommes sur une route de campagne désormais. Moucherons dans yeux. Traces de tracteurs sur la route. De nouveaux des vaches. C’est la partie la plus rurale du Transect. Nous croisons un tracteur.

Un chemin en terre bordé d’un champ de maïs. Nous arrivons à Sainte Pazanne par le Super U, pour ne pas changer.

En route pour le centre-ville, nous croisons des affiches du cirque « Mickey Circus & Pat’patrouille ». Arrivée à la gare, direction le café de la Gare.

 

Le café de la gare

Contraste avec la dernière heure peu peuplée… Le restau est bondé. Formule buffet entrée plat dessert. Plein d’ouvriers, d’artisans, de travailleurs.

La galère du train

Premier train annulé. Deuxième train retardé de 30 minutes pour attendre des passagers de Pornic. Les petites lignes ne sont pas prioritaires. Pas d’agent SNCF pour prévenir sur le quai. Nous revenons sur nos pas en vitesse accélérée. 1/2h pour faire Sainte Pazanne -> Pont Rousseau (plus de 2h en vélo.) 

« 1000 personnes dans le bourg, 97 villages autour »

Lucile Garnier, octobre 2024

Mais qu’est-ce que c’est que la ville saillante ? En quoi est-ce heuristique d’aller la chercher et comment ? En reprenant nos vélos, Laurent repère un QR code sur un panneau : « Pas de train le soir ? Agissons ! » J’avais laissé passer cette trace et je comprends qu’il va falloir décupler mon attention. Est-ce une forme d’observation flottante ? Il s’agit de poser le regard sur des incongruités, questionner ce qui paraît ordinaire au premier regard et si contraindre, pas si facile.

On quitte le centre de Rezé et on se perd dans les premiers lotissements. Fait curieux, le GPS désoriente le géographe. On s’engage finalement dans la rue Émile Zola. Les maisons basses, les volets bleus, les tuiles oranges et les jardins fleuris offrent une ambiance qui s’apparente à ce qu’on ressent à Trentemoult : village de pêcheurs sans pêcheurs, pancartes d’ateliers créatifs et travaux de surélévations. Laurent note la récurrence d’une figure déjà croisée : le groupe de promeneurs âgés (chaussures de marche et bâtons). On avance jusqu’à la cité radieuse dont la façade abrupte et baignée soleil nous impose un arrêt pour faire des prises de vue. A notre gauche, quelques maisons murées et vidéo-surveillées, je me souviens de différentes occupations dans le secteur. Nous nous engageons dans des quartiers où s’entremêlent des petits collectifs intermédiaires de logements sociaux (maisonnées de 2-3 étages) ainsi qu’un jardin où cohabite plusieurs cabanes et caravanes (un hameau léger ?), jusqu’à atterrir au Chronographe puis à la mairie de Rezé. L’édifice me rappelle toujours le texte de Philippe Bataille dans La ville émergente, « Rezé : les figures de la centralité dans une ville de banlieue » (1997). La coupure entre la place de l’église et le centre commercial Atout Sud est renforcée par les travaux de la future ligne de tram.

Nous nous engageons entre la route de Pornic et le centre commercial sur un chemin cyclable encadré par des barbelés et des palissades en métal. A partir d’ici, le parcours devient compliqué : si ce n’est pas la proximité avec la route de Pornic qui tonne et nous rend vulnérable, ce sont les sentiers embourbés qui ralentissent notre avancée. Des ronds-points à trois voies (qui me rappellent le rond-point de l’Étoile route de Paris), encadrés par des enseignes franchisées de restauration rapide, font danser des camions chargés de gravats qui se suivent. En longeant par la voie rapide le quartier Haute-Île, on aperçoit entre les « boites à chaussures » de la zone d’activité un Paquebot de croisière arrêté sur le quai de déchargement de Cheviré, intrigant. Le bruit de la circulation des camions est assourdissant, c’est ça le métabolisme métropolitain in vivo ?

On s’engage dans les « spaghettis » de voiries. Le passage du périphérique est dangereux, seule frayeur du parcours. Nous respirons enfin en empruntant une piste cyclable qui nous emmène à Bouguenais. Sur notre route, un Jardiland (et son poulailler) vide (fermé ?). On traverse la commune par une « zone économique » plongée dans les arbres. Laurent remarque la présence d’une salle de fitness L’Orange Bleue, qui aurait le périurbain comme focale stratégique d’implantation, une des “transitions” en cours ? Est-ce qu’on ira jusqu’à se mettre à la musculation pour l’enquête ? Nous traversons un lotissement linéaire équipé d’un chaussidou, Lucie note que nous sommes arrivés en Vendée (les tuiles et les teintes oranges, beige ou crème des logements y est pour quelque chose). L’environnement défile comme un décor de film, sensation agréable à la vue de scènes de vies ordinaires : une femme sort de chez elle en peignoir pour discuter sur le pas de sa porte avec une voisine, deux hommes creusent une tranchée pour ce qui semble être une clôture maçonnée (j’imagine un père et son fils). Plus loin, un homme plus âgé balaye minutieusement le trottoir et la voirie devant sa maison. C’est en entrant à Bouguenais que nous distinguons le premier panneau « voisins vigilants ».

Nous traversons la route de Pornic par un pont qui offre un point de vue lointain : on distingue pour la première fois la voie de chemin de fer et tout près de nous, les carrières de sable de Lafarge d’où proviennent tous les camions aperçus plus avant (ces « matériaux ultimes » dont me parlait un enquêté ?). On fait le point entre nous, qu’en est-il de cette carrière au regard de Saint-Colomban ? On observe la route direction l’océan, un peu fascinés.

A la sortie de l’infrastructure, le paysage se fait d’un coup plus naturel, nous longeons des champs et des zones boisées tout en suivant la ligne de bus 88 depuis l’arrêt « Bel Endroit ». Nous rencontrons le premier troupeau de vaches à proximité d’un chantier de hangar agricole complètement recouvert de panneaux solaires, exactement à l’endroit du centre de formation automobile où j’ai passé mon permis de conduire et à l’entrée du campus Gustave Eiffel où se testent avec des machines hautes technologies toute sortes de prototypes d’ouvrages et de véhicules. Le long du champ où paraissent la vingtaine de vaches limousines, les lampadaires sont alimentés eux aussi par de petits panneaux solaires autonomes. Y-aura t-il bientôt ici des trottinettes électriques en libre service ?

L’heure tourne et le rythme s’accélère pour arriver à l’heure au restaurant « La café de la Gare » à Sainte-Pazanne. Nous traversons à plus vive allure la portion entre Bouguenais et Bouaye, « c’est roulant ». Nous retrouvons comme ailleurs, des friches agricoles et viticoles (des parcelles de vieilles vignes arrachées), des concessionnaires automobiles aux bâtiments flambants neufs qui brillent dans le décor, un crématorium, une succession d’aubettes de bus vides. Je note aussi un terrain avec une caravane, beaucoup de maisons en travaux et des déménagements en cours, un panneau déteins par le soleil « Stop aux nuisances Nantes Atlantique ». On s’arrête à un carrefour routier où je fais attention au premier cycliste que nous croisons qui ne soit pas un sportif. Le long de la route, un bâtiment décrépi où se trouvent des bureaux en rdc m’interpelle, un cadre de travail pas terrible (sur google maps en 2022, c’est un café-restaurant coloré « Le restaurant de la Noë », « repas de famille »). On distingue aussi des bâtisses anciennes remises en état, une stèle sur une maison indique « depuis 1852 ». Le champ le long de la route a été planté de fleurs de toutes les teintes, bucolique.

Les restes d’un pavillon de château rénové annoncent l’entrée dans la commune le rond point d’entrée dans Bouaye qui dessert aussi le Super U. Un détour par le lieu nous permet de voir qu’il est très fréquenté. L’entrée du centre commercial dispose d’une série de service : relai colis, distributeur, espace culture, photo et billetterie. La façade du centre commercial est ornée de deux blocs de machines à laver, qui remplacent les distributeurs de pizzas que l’on s’attendait à trouver. Un camion food-truck est aussi parqué à côté de l’entrée, La p’tite Thaïlande, qui propose des plats à 9€ ou des portions de nems et de samoussas autour de 1 à 2,50€. La fréquentation du lieu m’étonne pour un jeudi midi, des employés s’arrêtent pour manger ici en semaine ? Les premiers regards curieux se posent sur nous (le look, le vélo, les sacoches ?).

On trouve la gare de Bouaye en faisant un détour par des lotissements extrêmement propres où nous retrouvons des palmiers, des maisons grises et blanches à toit plats, mais aussi des bâtiments plus anciens et délaissés, « à vendre ». Le parking de la gare est neuf, récemment livré et soigneusement dessiné : les sols sont partiellement engazonnés (pavés entre lesquels poussent des petites herbes dans les joints), arbres fruitiers, bordures paysagères en acier corten et traverses de chemin de fer, etc. La gare en contrebas est aussi entourée d’une nappe de parking et de voitures impressionnantes, tout est plein. Sur le parking, des gendarmes accompagnent quelqu’un jusque dans le bus, leur présence laisse planer un doute étrange sur le parvis qui donne envie d’envisager une fiction. La gare est une maison de deux étages, angles et entourage de fenêtre en brique rouge. A côté d’elle, un parking couvert et sécurisé pour vélos et un distributeur de billets. Les deux lignes en partance de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de Pornic passent ici. La salle de la gare est un espace vide, le guichet et fermé et des pancartes de papier donnent l’adresse d’un site internet sur lequel acheter ses billets ou se renseigner sur les retards. On y lit : “distributeur de billets régionaux situés à l’extérieur de la gare, paiement CB ou espèces ; internet www.ter.sncf.com/pays-de-la-loire ; Téléphone 0 800 210 800, du lundi au vendredi de 7h à 20h. Services et appels gratuits, paiement par CB. Recevez votre billet par SMS (jusqu’à 2h avant le départ) ou par voie postale (jusqu’à 5 jours)“. Il faudra un jour essayer de se faire envoyer mon billet par la poste.

En arrivant dans le centre de Bouaye, nous tombons sur le marché, belle surprise. C’est le parking de la médiathèque municipale décoré de photos de sport (vestiges des JO ?). Le style de la médiathèque est comme la salle des fêtes de mon village : menuiseries en acier coloré (teinte vert foncé mais ça marche aussi avec le rouge) et formes géométriques en diamant ou pyramide. On déambule entre les stands du marché, essentiellement fréquenté par des personnes âgées ce jour-là. Je cherche des producteurs locaux, on y trouve une certaine variété de produits : fruits et légumes, plantes et semis, vêtements, stand de pruneaux, comptoir de réparation et vente de téléphone, un stand de matelas et de fauteuils massants, un boulanger, etc. Je prends en photo les stands locaux, peut-être les retrouverai je ailleurs sur d’autres marchés ?

Direction Port-Saint-Père, en passant par la maison du lac. L’air se fait d’un coup plus humide, des panneaux « danger animaux » croisent notre route (on liste l’inscription de cerfs, sangliers et promeneurs). Nous passons au-dessus de l’Acheneau, très haute et large, paysage plat et superbe, silencieux. Trois pêcheurs rient de nous voir les regarder avec Lucie : « Eh, les filles venez nous voir ! ». Plus de marquages au sol, les voitures roulent vite sur un tronçon moins confortable pour les vélos. Je note la vue du premier adolescent en scooter qui nous double. On entre pleinement dans le marais, à droite et à gauche, des canaux, des barques, des zones humides. Panneaux « chasse interdite » et cabanes. Sur notre route, des maisons moins cossues dans les quelques petits hameaux que l’on traverse. La sociologie du territoire est plus modeste, ce que confirme Laurent. Je note un « lieu-mouvement », une cabane-aubette de bus en bois pour le ramassage scolaire. La route est parsemée d’éléments de pubs de producteurs locaux et d’affichages incongrus : la bâche de pub du SAUT’HAPPY (parc d’attraction itinérant) donne des frissons. Les ensembles résidentiels apparaissent aussi plus mixtes et populaires : un hangar agricole côtoie le jardin d’une maison sur lequel trône une cabane de jardin et un poulailler bricolé, une autre maison possède une cours prolongée par une série de clapiers.

On entre dans Port-Saint-Père par cette succession de villages, où se croisent maisons basses et petits hangars d’entreprises. L’entrée du bourg de la commune se fait le long d’une zone d’activité qui ne ressemble pas à celles que nous avons déjà croisé sur les autres transects : les locaux y apparaissent plus petits, moins récents, il y a un peu plus de présence humaine. C’est la zone d’activité « les Couetis le coin aux rats » (!).

Nous longeons des lotissements des années 90. A une intersection, un calvaire fleuri avec une statue grandiose du Christ. De l’autre côté de la route une statue de la vierge bien plus petite. Nous rattrapons alors une piste cyclable dont un panneau indique qu’elle a été financée par l’Union Européenne « liaison cyclable entre l’agglomération nantaise et le pays de Retz section Saint-Léger-les-Vignes Bourgneuf-en-Retz […] ce projet est cofinancé par le fonds européen de développement régional », fin des travaux en 2019. Le trajet à l’arrivée dans Saint-mars-de-Coutais nous amène à croiser une somme d’objets intéressants pour l’enquête. Sur le chemin vers le bourg, un panneau indique « le jardin des Nouettes » (un jardin collectif ?), juste à côté du comité des fêtes (le numéro de téléphone est affiché sur la façade), installé dans une ancienne jardinerie. La façade est une véranda à travers laquelle nous voyons entreposés du matériel et des décors de carnaval : chamboule-tout, panneau « chemin des papillons » ou « entrée festival ». Le lieu attire notre curiosité, c’est tout à fait un endroit vers lequel je me dirigerais si je devais enquêter ici. De l’autre côté des panneaux « terrain à vendre » trônent à côté de tableaux électriques. Plus loin, un « distributeur de pizzas fraîches 24h/24 et 7j/7 » enfin ! Paz’ pizza, pâte à pizza maison fabrication quotidienne, cuite en 3 min. Juste après « le petit local » épicerie vrac, etc… La façade indique « vente de produits locaux », juste à côté de la poste. Le bâtiment a l’air d’être un ancien équipement public ou agence bancaire… On s’arrête devant un petit moment, enfin « les transitions » que nous cherchions ? Un homme nous salue en revenant vers sa voiture et engage la conversation avec Laurent. Il n’est pas capable de nous dire ce qu’il y avait avant ce magasin mais c’est bien ici. La viande il préfère toutefois l’acheter à Intermarché, c’est un boucher qui tient le rayon, il connaît les prix. Il n’aime pas trop la viande sous vide. Il nous demande ce que nous faisons à vélo. Lui aussi il a l’air de bien aimer pédaler, jusqu’à Pornic ça lui ait arrivé, en vélo électrique avec son fils. Y’a des choses à faire par ici, le lac, les marais : « Port-Saint-Père, c’est 1000 personnes dans le bourg et 97 villages autour ! ». A côté, l’agence postale. Ça a l’air d’être un hot-spot de la vie locale. Dans le bourg trône des décorations roses, des fanions. Je comprendrais plus tard qu’il s’agit d’une action de l’association ALAC pour Octobre Rose, animée principalement par des femmes qui souhaitent proposer des activités en tous genre (danse, création, etc.). Plus loin dans le bourg tout calme et propre, seul Le Saint Mars « bar et jeux » semble être ouvert et animé. Sur la façade on y trouve tous les attributs d’un PMU : logos FDJ et PMU, cave à bière, café à emporter, des tonneaux et chaises hautes constituent la terrasse.

En descendant la rue, nous rattrapons les bords du Tenu puis la gare Port-Saint-Père/Saint-Mars. C’est désormais Aléop (la Région). Il s’agit d’une voie ferrée unique, il n’y a sur le quai que des lampadaires et un simple abribus. Absence de distributeurs de billets, seuls deux abris à vélos non sécurisés, des plaines d’herbes et un grand parking, pas vraiment plein. Les mêmes affichages ici qu’à la gare de Bouaye redirige les passagers vers les différentes plateformes numériques de réservations à la place de l’encart « Info Trafic », ainsi que les horaires de la ligne.

Nous repartons pour le dernier tronçon : Port-Saint-Père > Sainte-Pazanne en empruntant des routes qui se font de plus en plus petites. Nous ne croisons presque aucun véhicules, plus de marquages au sol, deux voitures peuvent difficilement se croiser (je pense à la capillarité des réseaux de voirie). Après quelques hameaux, nous traversons des zones boisées et agricoles en étant de plus en plus isolés, le paysage me fait penser aux routes de la ZAD, jusqu’à ce que Laurent nous indique que nous longeons le revers du zoo Planète Sauvage. Seules des perruches dans les arbres et les cailloux d’un enclos à girafes qui dépassent du mur d’enceinte nous l’indique. Nos discussions dévient sur l’ancien parc Bamboula, ouvert de 1992 à 1994, indignité. Avec Lucie nous parlons de ses missions à l’agence d’urba, les stratégies commerciales des collectivités du département. Nous croisons sur ces routes le premier tracteur, dont nous suivons les traces de terres depuis un moment, mais aussi un château d’eau, des cyclistes sportifs mais aussi le premier passage d’un train sur un passage à niveau. Provient-il de Saint-Gilles ou de Pornic ? Lucie réussi à en faire un cliché. Les hameaux sont de plus en plus mixte avec des fermes et exploitations agricoles. La piste cyclable nous emmène sur un chemin de terre le long de champ de vaches sur lesquelles sont posés des oiseaux blancs, des hérons garde-boeufs, qui s’envolent à notre arrivée.

Nous entrons rapidement dans le bourg de Sainte-Pazanne, en passant par un autre « rond-point du Super U ». Le dit giratoire indique nombre d’informations : équipements publics, L’Aquaretz, cabinets dentaires et autres enseignes commerciales de proximité (magasin bio à la ferme Au jardin Bioretz, magasin d’ameublement Boizanne Inside, etc.), mais aussi les cartons de publicité du Mickey Circus présents dans la commune les 5 et 6 octobre. La bibliothèque et le centre musical sont en chantier. Nous traversons rapidement le bourg pour retrouver le restaurant qui nous attend. Nous croisons quelques bars, des grandes battisses vides dans le centre ville, une église plutôt immense pour la taille de la commune, la jardinerie Terrena Pro qui vend des volailles vivantes et du béton. On arrive au passage à niveau et repérons le restaurant, cette section du bourg est composé de toutes petites maisons basses. Pas loin, le comité des fêtes et la salle de billard. Pas de places pour les vélos sur le parvis de la gare mais ça passe dans le garage à scooters. La gare est en travaux et autour, des opérations de constructions de logements sociaux neufs (résidence le Chauchy-Habitat jeune Atlantique).

Nous avons pile 1h pour manger et prendre le train retour. En entrant dans le restaurant nous découvrons une salle remplie de monde. Il y fait chaud, ça parle fort, c’est très masculin, un restaurant ouvrier rempli de travailleurs en pantalon de chantier. Des familles, des travailleurs seuls à table, des tablées remplies d’homme, deux serveuses d’une cinquantaine d’années très sympathiques et organisées, des piliers de comptoirs qui parlent longuement avec la serveuse et commandent des menthes pastilles d’affilées. On reste plantés comme des benêts à attendre que quelqu’un nous place, un long moment, le temps que tout le monde nous dévisage avec nos têtes d’intellos. On prend les devants et nous installons sur une table réservée, il n’en reste plus beaucoup de disponibles. On comprend aussi tardivement que les entrées c’est un buffet libre service, les plats, une blanquette et une bavette. Des desserts de mousses au chocolat et entremets à la fraise, des cafés et nous sommes repus. Le restaurant nous fait une facture (très sympa depuis le début sur cette organisation en bon de commande). Durant le repas, un homme entre par la porte de la cours et fait un scandale devant toute la salle : « C’est toi qui a garé ta voiture devant mon garage ?! T’as intérêt à la bouger !! ». La salle se glace 3 seconde, dévisageant le jeune adulte fautif qui rechigne à se lever pour régler le conflit. Puis le brouhaha reprend son cours. J’ai une vue sur les cuisines où s’agitent un apprenti et un cuisinier plus âgé, nous sommes en plein coup de feu, mais le service est impeccable, la serveuse ne semble jamais débordée, des années d’expérience pour gérer autant de couverts aussi sereinement.

Direction la gare pour rejoindre Nantes en train. Laurent note que le lotissement qui nous fait face est celui qu’à documenté Emmanuel Pinard il y a 10 ans. Lucie a des problèmes pour acheter son billet sur la machine, à côté la « station pick-up » Amazon (qui apparemment portent des noms, celle-ci s’appelle Marmotte, c’est un dispositif pour rendre ces infrastructures plus sympathiques ?). Moi je veux prendre mon billet sur le site qui fait apparaître que le train est annulé. Écran noir sur le quai, aucun des voyageurs présents n’est au courant. Laurent file demander aux contrôleurs tapis dans leurs bureaux qui confirment que oui, le prochain train ne passe que dans une heure : « mais personne ne viendrait te voir pour t’informer c’est incroyable ! ». Seul un QR code sur un lampadaire nous permet d’accéder à un fil d’information sur le trafic de la ligne. On décide de se répartir pour arpenter le bourg encore, le temps d’attendre. Avec Lucie nous discutons de la thèse et de nos parcours respectifs, en faisant le tour du centre par la « ceinture verte », entre les lotissements récents et le bâtis anciens de la commune. On tombe sur une friche agricole immense, en plein centre ville, une halle en métal complètement délaissée. Des recherches font apparaître que ce secteur est un enjeu central pour la commune. De retour vers la gare, encore 30 min de retard. Je décide de me concentrer sur le livre d’Elisabeth Pasquier pour ne pas paniquer d’être en retard sur mon travail. Pendant ce temps, une femme s’exclame à tout le train qu’elle est en train de louper son entretien d’embauche pour un poste dans une société de dératisation. Sous les mots de La Passagère du TER, je traverse le paysage dépeint dans le train 10 ans plus tôt, tout en jetant des regards à la fenêtre de celui qui me ramène à Nantes plus rapidement que je ne le pensais.

Nantes > Sainte-Pazanne : chroniques (rétro-)pédalées

Le choix d’un transect dans le Pays de Retz a été motivé par l’envie de revisiter les conditions d’une recherche menée par Laurent Devisme il y a une dizaine d’années : « Péri-Ville invisible ? Enjeux et outils d’un urbanisme descriptif ». A notre portée, une recherche et un protocole, suivre à vélo et au plus près, la ligne ferroviaire Nantes-Pornic. Envisager le “pédalage à la première personne” comme un outil pour approcher des changements d’atmosphères, des incongruités paysagères mais aussi éprouver la ville et ses changements d’intensité à partir du vélo. Documentée par un dispositif texte-photo, la recherche à vélo part d’un propos liminaire « En sortant de l’école, nous avons rencontré… ».

Au départ de notre exploration à la gare de Pont Rousseau, le 5 octobre 2024, Laurent nous rappelle Ces expériences sont croisées avec les trajets et observations d’Emmanuel Pinard, photographiant les gares et quartiers de gares du trajet, et avec les travaux d’Elisabeth Pasquier, “envoyée spatiale” dans le TER, qui publiera de cette enquête La passagère du TER en 2016 aux éditions Joca Seria. Nous resituons les questionnements qui animent l’équipe de l’époque et qui apparaissent aujourd’hui comme autant de prises et d’outils à actualiser :

– Quelle est donc la pertinence du protocole (le pédalage à la première personne) au regard de l’enjeu descriptif ?

– Que racontent les épreuves de franchissement des mobilités douces ?

– Une exploration de la « ville lâche et discrète », qui s’intéresse aux « transformations de l’entre-villes ». Pourrait on nommer les choses de la même manière désormais ?

– Un déplacement avec le sens de la vue (suivre la voie) et armé de différentes cartes IGN. Que va changer le suivi de google maps avec le téléphone accroché au guidon ?

– Comment évoluent les territoires des mobilités et les points de repère dans une spatialité lâche ?

– Que racontent les signes et pratiques des cultures populaires ?

– Quelles sont les marques de mobilisation et de protestation ?

– Ce type d’expression (texte + images) relève-t-il le chantier de l’expressivité de ces territoires ?

Comment raconter ces territoires ? Comment décrire et percevoir la ville (la métropole) qui se fait plus lâche et plus discrète ? S’appuyer sur des repères spatiaux, ordinaires, les signes et les pratiques populaires, ce qui nous dit que sommes ailleurs. Comment qualifier cette « ville saillante » qui « se donne à voir à tout le monde, au quotidien, par ses espaces publics » (Devisme, 2009, p. 179) ? Une observation où le chercheur est un passant et où, comme l’explique Elizabeth Pasquier : « c’est l’arpentage et l’arpenteuse qui décide de la part du visible et de l’invisible ».

C’est donc une remise en perspective de ce « chantier de l’expressivité » qui cadre l’itinéraire qui relie les gares suivantes : Rezé-Pont Rousseau, Bouaye, Port-Saint-Père/Saint-Mars et Sainte-Pazanne. L’exploration relatée ici sous la forme de “chroniques”, la description pouvant contribuer partiellement à une réflexion sur la texture des expériences urbaines périmétropolitaines.

Laurent Devisme, Learning from Sainte-Pazanne

Lucie Renou, [Titre à trouver]

Lucile Garnier, « 1000 personnes dans le bourg, 97 villages autour »

La vie ordinaire dans les espaces-temps périmétropolitains

Voir en plein écran

Plateforme POPSU Transitions Nantes

Multiples sont les transitions à l’œuvre sur le territoire métropolitain nantais. Elles viennent travailler l’horizon à la fois écologique et solidaire de la métropole. Le champ de questionnement de la plateforme nantaise POPSU Transitions se traduit par une réflexion sur le grand territoire, au-delà des limites de la Métropole, nommé espace péri-métropolitain. Les enquêtes œuvreront à une meilleure connaissance des interdépendances, à la réflexion sur la transformation des lieux, à l’analyse de l’évolution des pratiques et des représentation sociales de l’espace et à l’observation des formes discrètes de la métropolisation et des transitions écologiques.

La lecture des formes d’urbanisation n’est intéressante que couplée à celle des activités, scènes et transactions observables. C’est pourquoi la pratique des transects sera privilégiée. Forte de ce parti pris, la recherche résoudra l’énigme suivante : il y a des lieux qui font métropole là où on ne les attend pas ; il y a des trajets qui font métropole là où on ne les mesure pas ; il y a des représentations qui gagneraient à qualifier la métropole. Les transects empruntés par la recherche permettront d’alimenter trois attracteurs qui seront ainsi mis au travail.

Attracteur 1/ La vie des lieux dans l’urbain desserré. Urbanités en transition ?

L’attention portée aux lieux-mouvements dans le premier quart du XXème siècle a permis de renouveler la conception des espaces publics de la métropole dense et intense. La proposition est ici d’interroger la transition socio-écologique au travers d’une entrée par les pratiques et représentations territoriales des habitants depuis l’urbain desserré et saisies dans leurs interactions dans la construction de nouvelles territorialités.

Attracteur 2/ Horizons d’attente métropolitains (représentations collectives et appartenances)

Aux côtés du modèle de la grande ville dense, diverse et des fantasmes de sociabilités villageoises, comment s’agence aujourd’hui un régime d’existence métropolitaine fait de nouveaux rythmes, de nouvelles occupations, de nouveaux parcours ? Cet attracteur met au centre de l’interrogation une sociologie de l’expérience engrammée dans des histoires de vie. Comment, à quels moments de leurs parcours de vie, les habitants commencent ils à ressentir ces sentiments d’appartenance, d’ancrage et d’attachement ?

Attracteur 3/ Frictions, tensions, abandons et reconversions dans le grand territoire

Un certain nombre de projets d’équipement et d’aménagement sont remis en question et témoignent de rapports de force, d’intérêts plus ou moins divergents entre acteurs/producteurs/consommateurs, entre secteurs productifs et résidentiels. Les bords métropolitains sont autant de lisières montrant des acteurs en mouvement qu’il faut apprendre à mieux décrypter. Lorsque controverse il y a, comment la qualifier et comment la recherche peut contribuer à l’éclairer, la structurer ? Deux approches seront ici développées à partir du cas des zones commerciales et des zones d’activités qui constituent deux types d’espaces emblématiques des fronts urbains, de l’urbain diffus et de l’automobilité.

Equipe

ELUS

Pascal PRAS – Habitat, projets urbains, urbanisme durable / Aziliz GOUEZ – Alliance des territoires / Tristan RIOM – Agriculture, climat, transition

ACTEURS

Correspondants services métropolitains : Jérôme Barratier, Mathieu Baradeau (référent Ville en transition et centralité), Rémy David, Laurence Guittier / AURAN : Lucie Renou et Diane Bouchenot

CHERCHEURS

UMR AAU-CRENAU (Laboratoire de gestion du programme POPSU Transitions) : Kévin CHESNEL – Acteurs ordinaires de la production de l’habitat/ repositionnement des acteurs publics/ reconfiguration des zones commerciales/ articulation possible avec un séminaire de mémoire à l’ENSA Nantes ; Laurent DEVISME – Coordination du programme/ controverses territoriales/ sociologie de l’expérience urbaine ; Lucile GARNIER – Formes ordinaires de politisation/ agir collectif/ attachements aux lieux ; Sylvain GRISOT – Liens avec le programme POPSU Rennes/ effets des projets abandonnés

ESO Nantes : Nicolas RAIMBAULT – ordinaire périurbain/ espaces de travail/ approche embarquée des travailleurs mobiles/ économie politique de l’urbanisation diffuse

ESO Angers : Laure CORMIER – approche paysagère/ les habitants et leurs relations à la nature/ arguments écologiques et paysagers dans les renoncements aménagistes

UMR CITERES, Tours : Laurent CAILLY – Habitants “ordinaires” et idéologies territoriales/ Lieux de cristallisation des interactions et des transactions sociales dans le périurbain

UMR EVS / LAURE Lyon : Théo FORT-JACQUES – Lieux mouvements/ transformations des territorialités habitantes

Lab’Urba EUP : Paula MACE LE FICHER – Tensions, contradictions et conflits métropolitains ; Jérôme ROLLIN – Entrées de ville

Les écritures du périurbain

Une plateforme et un groupe de recherche

La vie ordinaire dans les espaces-temps périmétropolitains

Plateforme nantaise du programme POPSU Transitions

©S. Grisot, 2024.

Ce carnet est animé dans un premier temps par les travaux d’une recherche du programme POPSU Transitions. La Plateforme d’observation des Projets et Stratégies Urbaines – POPSU – est un lieu de convergence entre la recherche et de ceux qui font et gouvernent les ville en croisant les savoirs scientifiques et l’expertise opérationnelle pour mieux comprendre les enjeux et les évolutions des politiques urbaines et territoriales. L’équipe de recherche mobilisée avec les acteurs techniques et politiques est issue d’une dimension pluridisciplinaire entre différents domaines des sciences sociales de l’urbain (géographie, aménagement et urbanisme, sociologie, science politique, économie, architecture, paysage, etc.). Ce cadre permet de combiner des approches visant à qualifier les trajectoires territoriales et à répondre aux objectifs d’un programme national qui ambitionne d’appréhender les politiques urbaines en faisant « atterrir » ces territoires dans leur « environnement », et d’opérer des convergences entre politiques urbaines et dynamiques territoriales afin de sortir de l’opposition entre « grandes » et « petites » villes.

La plateforme nantaise a souhaité dans ce cadre questionner « la vie ordinaire dans les espaces-temps périmétropolitains » en allant au-devant des multiples transitions à l’œuvre sur le territoire métropolitain nantais. Les membres de l’équipe souhaitent interroger la façon dont elles viennent travailler l’horizon à la fois écologique et solidaire de la métropole. Le champ de questionnement de la plateforme se traduit par une réflexion sur le grand territoire, au-delà des limites de la métropole politique, nommé espace péri-métropolitain. Les enquêtes œuvreront à une meilleure connaissance des interdépendances, à la réflexion sur la transformation des lieux, à l’analyse de l’évolution des pratiques et des représentations sociales de l’espace et à l’observation des formes discrètes de la métropolisation et des transitions écologiques. Les sciences du territoire sont aujourd’hui des études urbaines anthropocènes, attentives aux mutations comme aux affectations en cours et à venir. La priorité est donnée à une connaissance renouvelée et approfondie des géotypes moins denses et divers que ceux caractérisant le centre de la métropole, en les incluant dans une réflexion résolument orientée vers une approche de degrés et de gradients (voir par exemple Keil, 2018) qui n’oppose pas les villes aux campagnes ou l’urbain au rural. Ce carnet de recherche est l’occasion d’explorer par l’écriture la texture de ce grand territoire et de publier des analyses, récits et étonnements de nos enquêtes et de nos arpentages dans le grand territoire périurbain nantais.

En savoir plus sur le programme et l’équipe

Pour contacter l’équipe de recherche, écrire à l’adresse suivante : popsu_transitions-nantes@aau.archi.fr.

Les écritures du périurbain

Un groupe de recherche de l’UMR AAU

Ce carnet accompagne le groupe de recherche “Les écritures du périurbain”. Il découle de la volonté de questionner une condition commune, marquée par des travaux de recherche, au sein de l’UMR AAU, investiguant des situations qui oscillent entre périurbaines et rurales. Ce groupe questionne les pratiques aménagistes et le vécu habitant au sein de ces situations. Plusieurs thématiques sont abordées : les formes et modalités de l’innovation et de l’expérimentation dans ces territoires, le rôle des acteurs ordinaires (habitants mais aussi professionnels de l’aménagement), le rôle de la « vie quotidienne » et de l’approche des modes d’habiter dans l’évolution des pratiques d’aménagement, les figures et les modèles…

On pourra se demander : comment se construit et s’éprouve l’urbain diffus, entre pratiques aménagistes et vécu habitant ?

Ce carnet vise à partager les travaux de recherche du groupe, à communiquer les compte-rendus des séminaires et à présenter les travaux des chercheurs (carnets de terrain, entretiens collectifs, etc.), ainsi qu’à présenter régulièrement des “billets d’étonnement”.

Les contributeurs à ces “billets d’étonnement” peuvent être des étudiants, doctorants, chercheurs ou praticiens, sensibles à ces questionnements et en lien avec le groupe de Recherche. Ils peuvent prendre la forme de compte-rendu de lecture, de chronique sur un fait d’actualités, de retour sur une conférence, de retour d’expériences…

Les suggestions et propositions de contribution sont possibles en envoyant un mail à l’adresse suivante : gr.periurbain@gmail.com.

Les chercheurs du groupe

Compte-rendu du séminaire 4 du groupe de recherche : « Fictions et imaginaires en contextes périurbains »

Compte-rendu du séminaire 4 ayant eu lieu à Nantes (ENSA – CRENAU) le mardi 13 juin 2023.

Session 1 : Représentations et imaginaires dans les écritures fictionnelles périurbaines 

« Parler du périurbain aux enfants. La représentation des espaces du périurbain dans les albums pour enfants », Christophe Meunier

« Promesse & Chaos », Inès Testière et Marie Chausse

« Récits de soi et récits de lieux : l’analyse des discours habitants et les imaginaires liés à la nature pour comprendre la condition périurbaine », Nelly Régnier

***

Intermède filmique « Blow Up : C’est quoi les suburbs ? », Benjamin Caramatie

***

Session 2 : Enjeux épistémologiques et méthodologiques de l’analyse des écritures fictionnelles périurbaines 

« La scène d’entrée périurbaine : modalités de construction d’un lieu stratégique visant à déciller le regard du lecteur », Arthur Pétin

« Thèse et fiction : un choix audacieux ? Ou la fiction comme outil de prospective pour les espaces périurbains », Catherine Didier-Fèvre

Séminaire 4 du Groupe de Recherche : “Fictions et imaginaires en contextes périurbains”

Mardi 13 juin 2023, 10h00 – 16h30 / ENSA Nantes

Inscription gratuite mais obligatoire avant le lundi 29 mai 2023 : Formulaire d’inscription

Cinéma de Blain (44). Crédit photo : Christian Chauvet
Session 1 : Représentations et imaginaires dans les écritures fictionnelles périurbaines 

« Parler du périurbain aux enfants. La représentation des espaces du périurbain dans les albums pour enfants », Christophe Meunier

« Promesse & Chaos », Inès Testière et Marie Chausse

« Récits de soi et récits de lieux : l’analyse des discours habitants et les imaginaires liés à la nature pour comprendre la condition périurbaine », Nelly Régnier

Session 2 : Enjeux épistémologiques et méthodologiques de l’analyse des écritures fictionnelles périurbaines 

« La scène d’entrée périurbaine : modalités de construction d’un lieu stratégique visant à déciller le regard du lecteur », Arthur Pétin

« Thèse et fiction : un choix audacieux ? Ou la fiction comme outil de prospective pour les espaces périurbains », Catherine Didier-Fèvre